En musique ou en art en général, tenter de réinventer la roue est un concept qui me laisse avec un humour très sarcastique… Assis dessus, on tourne. Ça nous laisse généralement sur des résultats décevants, dilués et ''fake''. Pour la simple raison que l'artiste s'oublie dans le pourquoi il fait de la musique et ne puise plus dans son essence même de créativité, écrasé par un rouage trop cérébral, sans intuition et flou dans son concept. Je me rappelle de cet artiste qui nous arrive avec une structure: une pelle dans un tas de sable. Ma question: Mais que veut dire cette œuvre? Sa réponse fut: ''Ah tu sais c'est complexe… Bla bla blaaa'' (boring)... Une pelle dans un carré de sable. Bon, où est ce que je m'en vais avec tout ça? Vendredi 17 Mai, à la taverne Royale, ma semaine dans le corps, j'ai envi de quelque chose de vrai. Un minimum de folie pour effacer le grisâtre du quotidien. Alors c'est de cela que je vais vous parler: d’un groupe Punk, d'un groupe Hardcore et d'un groupe Thrash. On ne réinvente pas la roue et tant mieux. Mais je veux du vrai, de l'intensité et de l'authenticité, c'est ce que j'ai eu du début jusqu'à la fin du spectacle.
Premier au micro, de Québec, avec l'intention de casser la baraque avec leur son Punk francophone old school, ça part en tabarnak… Je veux dire, voici Les Tabarnaks! Après un courte intro on se lance avec Fourmis Ouvrières, slogan pour nous relancer sur notre façon de vivre dans un travail où nous sommes un numéro. Ça colle avec le style et ça nous interpelle tous en ce vendredi après avoir travaillé dur toute la semaine. David Cayer au devant de la scène est énergique et nous affiche son superbe Mohawk bleu (on me cache le commanditaire de gel). Le dynamisme est présent, on nous sert la chanson fétiche du groupe: La baston. Malgré leur courte apparition, la coupure est nette. Oui, là on se sent en fin de semaine et on a du plaisir à vivre ce moment! Vraiment une belle apparition qui percute et transperce de ce punk cru, sans compromis mais si entraînant. Vous n'avez pas eu la chance de voir la prestation des Tabarnaks? Allez les voir, bientôt à Québec au New Blood Fest. Ils seront accompagnés par de nombreux autres groupes punk et hardcore de la relève. Un rendez-vous pour brasse-camarades!
Maintenant, on monte la tension d'un cran avec d'autres musiciens de la région de Québec. Fières représentants de la scène Hardcore. Tous les jeux de mots sont permis, je vous laisse même faire votre propre improvisation. Nous voilà avec S.O.I.F. où on nous lance des chansons thématiques comme Beer Rage, Where's your beer, Beer Train, Back to the Pub et tant d'autres. C'est d'un merveilleux adon, on est dans une taverne! Mike Stout ne ménage en rien sur un ''scream'' avec quelques lancées vocales à la Rob Halford en début de spectacle. Par moment, une ambiance de vocalises presque à la Ministry (je parle strictement du vocal à ce sujet). On reste toujours dans la lignée Hardcore, dans la plus belle des traditions. Si nous avions donné une râpe à fromage à Chuck Helles (Guitare), il aurait probablement fourni toutes les pizzerias de Trois-Rivières en ce vendredi, c'est rapide et intense. On peut croire que par leur nom, ça risque de finir en débandade de basse fanfaronnade. Au contraire, je peux vous assurer qu'il y a clairement sous cette couche festive un alignement de musiciens qui performent, qui vont réanimer ce qui est mort en vous et qui donnent S.O.I.F.
Encore et pour une dernière fois, on monte les décibels et on y va d'une fin de soirée Thrash agressive du groupe trifluvien Chaos Wasteland. La beauté de suivre la relève, les bands émergents, est définitivement de voir leur évolution et en ce qui concerne Isaï Flamand, c'est juste formidable. En un an c'est un bond gigantesque qu'il a fait comme ''frontman''. Beaucoup plus présent, plus communicatif, à l'aise et en contrôle de la scène. Pour ceux qui ne me croient pas, mon idée était faite mais la confirmation est venu de témoignage d'autres personnes présentes. Nous voilà avec le grand Manitou du Thrash en pleine possession de ses moyens et ça fait toute une différence sur l'ambiance générale de leur spectacle. Le reste du groupe lui rend bien avec une belle performance. Des titres comme War Crime, Bloodlust et I am the Enemy mais bien sûr ma préférée reste toujours Wendigo. J'adore les comptes et la mythologie de toutes les nations. Cette créature horrible en soi, mais avec un sens d'existence profonde est totalement fascinante. Ne donne pas le goût de devenir cannibale, mais d'écouter du Chaos Wasteland certainement.
Une autre belle soirée à la Taverne Royale. Un grand merci aux Tabarnaks, S.O.I.F. et Chaos Wasteland. Continuez à rester vrais dans ce que vous êtes et dans votre musique. Toujours plaisant, à entendre, un vendredi soir enfin en congé!
Chroniqueur assoiffé: Christian Lamothe
Photographe: Louis-Philippe Turcotte
Chaos Wasteland
Les Tabarnaks
Soif
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