Une merveilleuse écrivaine qui nous a quittés beaucoup trop tôt!
Caroline Dawson est décédée du cancer en mai 2024 à l’âge de 45 ans.
J’ai vécu des moments extraordinaires en lisant le livre Là où je me terre de l'auteur Caroline Dawson. Cette lecture nous confronte à la réalité des personnes et familles immigrantes.
L’écrivaine est née au Chili en 1979. Elle arrive à Montréal à l’âge de sept ans. Sociologue, professeur et blogueuse engagée, elle est co-organisatrice du Festival de littérature jeunesse de Montréal. Là où je me terre est son premier livre.
« Écrire mon histoire comme toutes ces femmes en moi à réssusciter. »
Voici le résumé du livre : Valparaíso, décembre 1986, tremblement de terre entre les quatre murs d’une maison. Un homme et une femme annoncent à leurs enfants qu’il faut tout laisser derrière et fuir le Chili de Pinochet. C’est Noël, la petite Caroline a sept ans et elle aura la nausée durant tout le voyage.
La fillette atterrit à Montréal. En plus de la neige dehors, il y a le tapis rouge vin de l’hôtel Ramada qui accueille les personnes réfugiées en attente de papiers. Il y a aussi Passe-Partout qui semble s’adresser à elle à travers le téléviseur. Après le premier appartement à Montréal-Nord, la classe d’accueil de madame Thérèse qui lui apprend le français, les enfants qui se moquent de ses cheveux et de sa boîte à lunch, la misère des rues d’Hochelaga, il y aura tout ce temps passé dans les banques où ses parents font des ménages. Entre l’exil, les fantômes du passé et le jeu des différences, la petite Caroline camouflera sa furieuse envie de vivre pour ne plus détonner et devenir une immigrante modèle.
Mais comment apprend-on à ne plus s’effacer? Peut-on embrasser une nouvelle culture sans renier ses origines? Lumineux et vivant, Là où je me terre sonde la possibilité d’aimer et de lutter sans ne plus avoir à fuir.
Avec ce sujet complexe, l’autrice prend le pari d’aborder avec l’implacable transparence que suppose la simplicité.
L’autobiographie de Caroline nous donne la définition de ce qu’est la résilience. Caroline Dawson dresse un tableau fort bien décrit des petites ou grandes tragédies dont elle et sa famille ont dû faire face mais qui au final, le miracle de leur vie désormais québécoise aura été possible. Elle évoque avec tendresse le souvenir de ce que sa mère a dû sacrifier afin de procurer à ses enfants l’existence la plus douce possible. Sa colère contre la classe des biens nantis ne l’emportera jamais contre la gratitude envers les travailleurs mal payés qui doivent tout accepter et ne peuvent dire non. « Sous la propreté que ma mère faisait advenir, il y avait leur crasse. »
« Je me rangerai toujours du côté des humiliées. C’est là où je me terre. »
Comentarios