L'âme de la bête que nous sommes devenus
Stephen Moore: Voix, textes & Guitares
Jon Ireson: Engénierie du son & Guitare basse
Casey Lewis (Echo Base Studios): Batterie, mixage and "Mastering"
Veil Lifter, nouvel album de ce groupe de l'ouest Canadien nous arrive en date du 16 avril 2024. Ce duo nous a habitué à un son rock industriel pour plus d'une décennie grandement inspirée des grands noms du temps comme Skinny Puppy, Massive Attack and Nine Inch Nails. Mais pour celui-ci, l'approche est différente, plus personnelle et plus brute. Une rencontre autobiographique avec une jeune âme tourmentée et meurtrie mais avec un regard narratif et contemplatif. Dans un style qu'on identifierait comme Doom- Sludge. Ce mélange de style, me donne envie d'un exemple simple. le sentiment que l'on a plus jeune, d'entrer dans une piste en forêt, la nuit presque tombée. L'imagination morbide qui nous fait lever le poil sur les bras...mais on se ressaisit. On se bombe le torse et d'une marche défiante on se cré un personnage plus fort, dans un fantasme raconté par un sombre David Bowie, nous sommes un Henry Rollins (Black Flag)...voilà pour mon interprétation de l'ambiance.
Cet album est un projet à saveur très personnelle pour Stephen Moore, s'étant structuré en presque 20 ans, prenant le temps de trouver textes et arrangements qui s'ajustaient aux mémoires des années difficiles de son Adolescence. Il m'écrivait: " Nirvana m'a sauvé la vie lorsque j'étais adolescent alors que j'étais victime d'intimidation et que je me sentais exclu. C'était la première fois que je me sentais compris... Windhand, YOB, Russian Circles... Oui, depuis que j'ai entendu In Utero à 14 ans". Ça ne vous rappelle rien? Ce jeune, timide, distant, différent, trop souvent visé par les moqueries. Celui qu'on voyait assis enfermé dans son monde, seulement protégé par la musique dans son Walkman ou cellulaire maintenant. Celui qui est la cible facile des "alphas" de sa classe...de son école. Celui qui était désarmé par l'agression extérieure puisqu'il avait déjà tant de batailles intérieures à mener: contre sa faible estime et son incapacité à trouver sa place dans ce monde. Garçon ou fille, qui graduellement se renferme dans une grotte glaciale de son esprit, position foetale pour se protéger des coups les plus douloureux. Ça ne vous rappelle rien? De quelqu'un...de vous?
La thématique de "reconstruction de soi-même" est aussi très proéminente sur cet album... Arjuna's Hunting hand, chanson s'inspirant d'un héros du livre spirituel Indou, la Bhagavad Gita. Elle nous situe à cette phase où le choix s'impose dans notre transformation. Serons-nous détruits, annihilés, pulvérisés par notre état catatonique? Ou nous prenons place dans cet univers, avec ce que l'on a, ce qu'on doit devenir. L'éveil est salutaire...nécessaire.
La symbolique de l'Hyène est très forte aussi pour cet album. Une bête qui comprend rapidement qu'il n'est ni l'alpha et dans le possible, ni la proie. Nous sommes cette bête intelligente, qui par son âme rapiécée et de son apprentissage dans la souffrance (dépression, abandon et le bullying), prend et chasse sur le terrictoire qui n'est pas le sien. Ce fameux cri à la vie et au droit d'exister...dans son état le plus sauvage et primitif.
L'album en soit est un ressourcement, une revisite d'un rituel de passage qui comme être humain nous marque et reste à jamais notre empreinte psychique. Le titre Immovable est un moment fort de l'album où l'on se sent comme un géant qui écrase tout sur son passage. Lourd et indestructible...présence intense et imperturbable.
Avec une dernière chanson, Hammer Come Down qui nous arrive comme un générique d'un film Stoner-sludge-psychédélique, l'album Veil Lifter se termine en force...Bravo à ce band qui est toujours en mode exploratoire et qui nous a partager ce petit joyaux Canadien. Vous pouvez déjà acheter l'ensemble des pièces sur Bandcamp, mais l'arrivé physique de l'album (CD et vinyle) est pour dans moins d'un mois (16 avril) et bien sûr, on y retrouve les albums précédents.
Tenterez-vous l'expérience?
Christian lamothe,
votre chroniqueur Doominateur
En mémoire de Ted George Moore (2017 RIP)
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